Le commandant Arnaud Beltrame lors de son arrivée à Avranches en 2010.

- Nicolas Thomas - La Manche Libre





L’officier supérieur avait choisi de se proposer comme otage pour sauver une femme des mains du terroriste.


Il a essuyé le tir d’au moins quatre balles du terroriste. Entre la vie et la mort depuis la terrible attaque du supermarché de Trèbes (Aude) vendredi midi, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 44 ans, a succombé dans la nuit à ses blessures. Le commandant en second du groupement des gendarmes de l’Aude s’était proposé comme otage volontaire pour obtenir la libération d’une femme retenue par le terroriste avec d’autres clients et employés du centre commercial. L’officier de gendarmerie est devenu un héros, salué par l’hommage du président de la République et ce samedi par Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, qui a annoncé son décès sur Twitter : « Jamais la France n'oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice ».

« Un potentiel sportif énorme »


« Un gars solide. Il a, comme on dit dans notre jargon, une caisse de malade. Un potentiel sportif énorme », se souvient ce camarade de promotion l’Ecole militaire inter-armes (EMIA) dont Arnaud Beltrame avait réussi le concours en 2001. Il en était d’ailleurs le major.


« A la course à pied, il est l’un des meilleurs. C’est un homme psychologiquement fiable, svelte, grand et sec, un vrai sportif », continue cet officier de gendarmerie. Arnaud Beltrame a d’abord commencé sa carrière dans l’armée de terre au 8e Régiment d’artillerie de Commercy (Meuse) comme officier de réserve en situation d’activité (ORSA). C’est là qu’il devient aspirant, sous-lieutenant et lieutenant. Puis à la fin de son contrat provisoire, les contrats à durée déterminée de l’armée, propres aux Orsa, ce Breton a choisi de rester dans la vie militaire et passe le concours de l’Emia.

« C’est un frère »


A l’issue de sa formation, il préfère entrer « en gendarmerie comme on entre dans les ordres » en 2002 raconte un de ses patrons. Comme tout officier de gendarmerie qui débute, il passe par « la mobile » très formatrice pour les jeunes officiers. Et se retrouve au groupement blindé de gendarmerie mobile de Satory (Yvelines) en 2003 où il côtoie celui qui deviendra l’un des plus jeunes colonels de France. « C’est un frère et un frère d’arme aussi. Et en ce moment je pense à lui et à sa famille. Nous sommes tous touchés », glisse ce très jeune officier supérieur visiblement ému.

« Concours de l’Ecole de guerre »


Puis c’est le tour des mutations, il rejoint alors la compagnie d’Avranches (Manche) entre 2 010 et 2 014 où il obtient ses galons de chef d’escadron. Commander une compagnie c’est le passage obligé pour être un officier reconnu. Il tente alors le redoutable concours de l’Ecole de guerre qui forme les futurs hauts cadres de l’armée. Et devient officier de liaison au sein du ministère de l’Ecologie. Avant de reprendre une nouvelle affectation sur le terrain dans l’Aude comme officier adjoint de commandement, en jargon il était le « C2 » des gendarmes du département.


Réputé calme, discret, le lieutenant-colonel Beltrame avait organisé fin décembre une simulation d’attaque terroriste dans un centre commercial de Carcassonne. Comme une prémonition. A l’époque, les tirs avaient été simulés avec des paintballs. Mais pas cette fois.