L’officier supérieur avait choisi de se proposer
comme otage pour sauver une femme des mains du terroriste.
Il a essuyé le tir d’au moins quatre balles du
terroriste. Entre la vie et la mort depuis la terrible attaque du
supermarché de Trèbes (Aude) vendredi midi, le
lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, 44 ans, a succombé dans
la nuit à ses blessures. Le commandant en second du
groupement des gendarmes de l’Aude s’était
proposé comme otage volontaire pour obtenir la libération
d’une femme retenue par le terroriste avec d’autres
clients et employés du centre commercial. L’officier
de gendarmerie est devenu un héros, salué par
l’hommage du président de la République et ce
samedi par Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur,
qui a annoncé son décès sur Twitter : «
Jamais la France n'oubliera son héroïsme, sa bravoure,
son sacrifice ».
« Un potentiel sportif énorme »
« Un gars solide. Il a, comme on dit dans notre jargon,
une caisse de malade. Un potentiel sportif énorme »,
se souvient ce camarade de promotion l’Ecole militaire
inter-armes (EMIA) dont Arnaud Beltrame avait réussi le
concours en 2001. Il en était d’ailleurs le major.
« A la course à pied, il est l’un des
meilleurs. C’est un homme psychologiquement fiable, svelte,
grand et sec, un vrai sportif », continue cet officier de
gendarmerie. Arnaud Beltrame a d’abord commencé sa
carrière dans l’armée de terre au 8e Régiment
d’artillerie de Commercy (Meuse) comme officier de réserve
en situation d’activité (ORSA). C’est là
qu’il devient aspirant, sous-lieutenant et lieutenant. Puis
à la fin de son contrat provisoire, les contrats à
durée déterminée de l’armée,
propres aux Orsa, ce Breton a choisi de rester dans la vie
militaire et passe le concours de l’Emia.
« C’est un frère »
A l’issue de sa formation, il préfère
entrer « en gendarmerie comme on entre dans les ordres »
en 2002 raconte un de ses patrons. Comme tout officier de
gendarmerie qui débute, il passe par « la mobile »
très formatrice pour les jeunes officiers. Et se retrouve
au groupement blindé de gendarmerie mobile de Satory
(Yvelines) en 2003 où il côtoie celui qui deviendra
l’un des plus jeunes colonels de France. « C’est
un frère et un frère d’arme aussi. Et en ce
moment je pense à lui et à sa famille. Nous sommes
tous touchés », glisse ce très jeune officier
supérieur visiblement ému.
« Concours de l’Ecole de guerre »
Puis c’est le tour des mutations, il rejoint alors la
compagnie d’Avranches (Manche) entre 2 010 et 2 014 où
il obtient ses galons de chef d’escadron. Commander une
compagnie c’est le passage obligé pour être un
officier reconnu. Il tente alors le redoutable concours de l’Ecole
de guerre qui forme les futurs hauts cadres de l’armée.
Et devient officier de liaison au sein du ministère de
l’Ecologie. Avant de reprendre une nouvelle affectation sur
le terrain dans l’Aude comme officier adjoint de
commandement, en jargon il était le « C2 » des
gendarmes du département.
Réputé calme, discret, le lieutenant-colonel
Beltrame avait organisé fin décembre une simulation
d’attaque terroriste dans un centre commercial de
Carcassonne. Comme une prémonition. A l’époque,
les tirs avaient été simulés avec des
paintballs. Mais pas cette fois.
|