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« « « « « « «  L’ABBÉ DANIEL BONNIN

Un enfant de Loubillé mort en déportation



Daniel Bonnin est né le 19 mars 1907 à Potonnier, commune de Loubillé. C’est le troisième enfant d’un couple d’agriculteurs originaires du nord des Deux-Sèvres.

Le mariage des parents de Daniel Bonnin avait eu lieu le 2 février 1903 à Fomperron (canton de Ménigoute, 79), commune de l’épousée. Le marié est Frédéric Bonnin, dit cultivateur, né le 3 octobre 1872 à Azay-sur-Thouet (canton de Secondigny, 79) qui réside à Vausseroux (canton de Ménigoute). Ce garçon signe d'une marque. La mariée, Louise Renaudet, est née le 15 avril 1883 à Fomperron (79) où elle habite. Elle est dite sans profession, comme c’est souvent le cas pour les femmes ce qui ne veut pas dire qu’elles ne travaillent pas. Elle signe aussi d'une marque.

 

Neuf enfants naîtront de cette union, dont deux décédés en bas âge. Le premier enfant du couple, Marcelle, est née en 1904 à Fomperron. Puis vient Daniel le 19 mars 1907 à Potonnier (son père est dit fermier, âgé de 34 ans et sa mère Louise Renaudet a 24 ans). Suivent à Potonnier : Firmin Léopold le 4 janvier 1911 mais décédé le 7 septembre suivant, Paul en 1913, Jean Joseph le 27 juin 1915, Lucie Marie-Ange Clémentine le 28 juin 1916, Marie Maurice René né le 20 avril 1919 (enfant décédé car il ne figure pas sur le recensement de Sauzé en 1921 et 1926) et Olivier en 1923 à la Bonnière de Sauzé-Vaussais. En tout neuf enfants dont deux nourrissons décédés.

 

« Daniel souffre déjà des bronches, sa mère lui interdit d’aller à l’école à 3 kilomètres ». La famille ne s’éternise pas à Loubillé et déménage au village de La Bonnière près de Sauzé-Vaussais où elle trouve plus d’espace pour se loger1, sans doute à la Saint-Michel 1920. En 1921, le recensement comptabilise six enfants et les deux parents. En 1925 à La Bonnière, ils ne sont plus que quatre à résider avec leurs parents : Marcelle, Lucie, Paul et Olivier.

 

L’abbé Jérôme de la Roulière, curé de Smarves jusqu'en 2009, rend hommage à « son ancien » dans un bel ouvrage « Le clergé poitevin face à la barbarie nazie, paru en 2005 » dont il a bien voulu nous fournir un exemplaire. Nous lui emprunterons quelques passages.



Le curé de Sauzé-Vaussais l'envoie à 14 ans (921) au petit séminaire de Montmorillon. Avant, il lui enseigne le latin. C’est la maman qui désigne ce fils pour servir le Seigneur, parce qu’au sein de la fratrie, c’est sans doute lui le plus faible physiquement. D’ailleurs, sa santé déficiente le fera souvent quitter le séminaire pour aller se reposer en famille. Ce qui ne l’empêchera pas de faire de belles études et d’être bachelier à 18 ou 19 ans.


 

Cliché offert par l'abbé Jérôme de la Roulière.



« Il est reçu au bachot et prend la soutane le 25 mars 1926 ». Daniel Bonnin est ordonné prêtre le 17 décembre 1933. Le 18 décembre, il célèbre sa première messe à Rouillé (86) où a déménagé sa famille. Il sera d’abord professeur au collège Saint-Charles de Thouars où il enseigne le latin et garde le dortoir le soir. Il dessert la paroisse de Missé et visite les malades à l’hôpital. Puis il est nommé curé à Genouillé, dans la Vienne, en 1935. Il reprend ses études à l’université de Poitiers qu’il rejoint à motocyclette.

Son père décède en 1938, le Père Daniel demande à être rapproché de Poitiers. Il rejoint la paroisse de Smarves2, à partir du 3 juillet 1938. Et loge sa famille (sa mère, trois frères et sœurs) au presbytère3. Le village qui compte alors 722 habitants est à 2 km de la gare de Ligugé et 8 de Poitiers.


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Abbé Jérôme de la Roulière, Le clergé poitevin face à la barbarie nazie, 2005.

« Le clergé poitevin face à la barbarie nazie », un ouvrage paru en 2005 (P. Oudin imprimeur à Poitiers) en honneur de l’Abbé Bonnin. « Je l'ai écris pour commémorer le soixantième anniversaire de sa mort. On peut trouver cet ouvrage chez tous les grands libraires de la Vienne. » expose l’Abbé Jérôme de La Roulière, curé de Smarves.

La ville de Smarves du canton de la Villedieu-du-Clain de l'arrondissement de Poitiers. Les habitants sont 2156 au recensement de 1999.

 

 

Le Père Bonnin obtient à l’université les certificats d’études latines, grecques, de grammaire et philosophie. A Smarves, il participe aux matchs de football et crée un groupe de théâtre, le patronage Saint-Félix. Avec la recette des représentations théâtrales, il fait construire une salle paroissiale.

Il est mobilisé en avril 1940. A l’issue de la campagne, il est démobilisé fin juillet, démoralisé par la défaite. Il nourrit alors des relations avec des membres de la Résistance de la Vienne, ce qui entraînera son arrestation le 30 septembre 1942. Mais il avait déjà été emprisonné à la prison de la Pierre-Levée en juillet 1941 pour s’être rebellé contre l’occupant.

Son chemin de croix le mènera jusqu’au sacrifice final. Arrêté à nouveau à la fin de 1942, quand tombe son réseau, il sera incarcéré à la prison de la Pierre-Levée à Poitiers jusqu’au 12 février 1943. De là il est transféré à Fresnes le 15 février 1943. Il quitte la France, on le retrouve au camp d’Ingert en Allemagne, d’où il est envoyé à la prison de Wolfenbüttel-Breslau en décembre. « Le 18 avril, à 6h du matin, tous les Poitevins du réseau Louis Renard attendent, mis à nus dans la cour (…). » Il ne sera pas un prisonnier docile. Et sera « emmuré » dans la forteresse de Breslau. Il est emprisonné au camp de Gross-Rosen en Silésie le 12 octobre 1944, et à Calo de Dora, commando de Buchenwald, le 20 février 1945. « Incapable de travailler, les SS l’envoient au camp d’extermination de Nordhausen tout proche, immense garage à tank, désaffecté, sans rien, absolument rien, une immense salle nue, et là dedans un millier d’hommes et des cadavres dans les coins (…). » Il y décède le 3 avril 1945 à la suite d’un bombardement allié de la ville de Weimach toute proche.

 

Le réseau Renard



L’Abbé Daniel Bonnin était membre du réseau de résistance Louis Renard, premier réseau créé en France, le 31 août 1940. Un réseau dont les membres ont payé chèrement pour nous offrir notre liberté. En effet, dix résistants ont été décapités à la prison de Wolfenbuttel, le matin du 3 décembre 1943, dix-sept sont morts dans l’univers concentrationnaire sur vingt-neuf arrêtés dans une première vague d’arrestations, puis une seconde en mars 1944.



« Le 31 août 1940, Louis Renard, avoué à Poitiers, glorieux combattant de la guerre 14-18, officier de la Légion d’honneur,

grand mutilé de guerre, qui, mobilisé en 1939 comme agent de liaison entre les troupes anglaises et françaises, faisait parvenir au Général de Gaulle à Londres une lettre dans laquelle il se mettait à la disposition du chef de la France Libre et lui demandait ses instructions en lui rendant compte de la situation en France occupée. »

Louis Renard est, à la fin d’avril 1941, le chef de la Résistance dans la Vienne. Il a pour adjoints Gaston Chapron4 et Noël Sorin. Des liaisons sont effectuées avec les départements de Touraine, Vendée, Charente, Deux-Sèvres. Le réseau entre en contact avec l’Armée Volontaire. L’Organisation Renard devient réseau de renseignements de la France Combattante. Les renseignements sont transmis à Londres par radio. Louis Renard est le chef de l’Armée Volontaire du Poitou. A Londres, le réseau porte le numéro 10.051. Et l’indicatif pour les messages personnels : « Tante Gertrude est très mal ».

 

1942, année noire, une imprudence à Niort fait découvrir le réseau, un paquet découvert à la Poste contenant des documents témoignant d’une activité clandestine à Poitiers, au cours d’un sondage ordonné par le Directeur des Postes. L’information est transmise au Préfet des Deux-Sèvres puis au Préfet régional qui siège à Poitiers. Le dossier est transmis à Vichy qui l’envoie à la Gestapo à Paris.

 

« Le 27 août 1942 ont lieu les premières arrestations : à Niort, à Poitiers, à Mirebeau ; le 30, Me Louis Renard à Ligugé… Avec le concours de la police de Vichy et de la Gestapo, les Allemands arrêtent plus de cent personnes qui seront transférées à la prison de Fresnes à Paris le 12 février 1943. Déportées en Allemagne à la prison de Trèves le 18 février et le 19 au camp de concentration d’Hinzert où elles décédent. (…) »

 

Les rescapés rejoignent la prison de Wolfenbüttel le 19 avril, où ils doivent passer en jugement. Dix sont jugés le 13 octobre 1943 et condamnés à mort. Il seront guillotinés le 3 décembre 1943. Les autres furent dirigés en Silésie le 14 octobre 1943 et connaîtront les camps de Gross Rosen et le Kommando de Kletendorf. C’est là que périt l’Abbé Bonnin en mars 1945. Ramenés à Dachau, des survivants sont libérés le 29 avril 1945.



Pas d’inscription de l’Abbé Daniel Bonnin, Mort pour la France, sur les Monuments aux morts, à Loubillé ni à Smarves.

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Le commandant Gaston Chapron, ancien de 14-18, tenait une étude voisine de celle de Louis Renard. Il avait mis sur pied un premier groupe de onze personnes avec pour objectifs : le renseignement, le sabotage, des filières pour passer de la ligne de démarcation. » » » » »





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