On
a cité quelques traita de cette vaillance féminine.
L'un des plus admirables concerne non plus même une femme
mais une fillette, presque une enfant. il a été
rapporté au Temps
par
son correspondant de Niort. A Exoudun, petit village du
département des Deux-sevres racontait l'an dernier notre
confrère, le boulanger Daniau, laborieux et ponctuel,
suffisait seul, avant la guerre, à satisfaire sa nombreuse
clientèle éparpillée dans la campagne. Appelé
aux armées quelques semaines après la mobilisation
générale, Daniau laissa son four s'éteindre. C'est
alors que la jeune Madeleine Daniau, âgée de quatorze
ans, intervient. Elle était souvent descendue au fournil,
les gestes répétés de son père
s'étaient gravés dans son cerveau d'enfant, et sans
se soucier de la faiblesse de ses muscles, aidée de son
petit frère âgé de dix ans à peine,
elle se met au travail. Elle prend la pâte et la pétrit,
allume le four, enfourne et anxieuse attend le résultat... La
petite apprentie n'est pas déçue dans ses espoirs,
mais elle veut faire mieux encore et se remet à l'ouvrage.
Quelques jours de vaillants efforts suffisent à lui donner
le tour de main des meilleurs ouvriers. Mais ce n'est pas un
jeu que Madeleine Daniau a voulu se procurer ainsi : armée
d'une énergie déconcertante dans ce frêle
corps de fillette, elle ne sera vraiment satisfaite, que
lorsqu'elle sera parvenue à remplacer le chef de maison
absent. Il faut pour faire le pain de fantaisie, un tour de
main spécial qu'elle ignore ; son père profite d'une
permission pour le lui apprendre, et elle devient bientôt
experte en ce travail délicat. Madeleine Daniau fait
maintenant plus de 4400 kilos de pain tous les jours. Debout
dès quatre heures du matin, elle chauffe son four, pétrit
et enfourne, accomplissant, avec la seule aide de son frère
et comme le boulanger le mieux entraîné, ces dures et
pénibles besognes. Une lettre de félicitations du
préfet des Deux-Sèvres est venue récompenser
la fillette de son initiative et de son courage.
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