Cimetières du Mellois



(cimetieresmellois.fr)


CIVAUX (86)

Visite du 26/07/2015

Mise en ligne le 06/02/2019

Abbé Eugène RIBOULEAU (1828/1870)









CI – GIT

EUGENE RIBOULEAU

CURE DE CIVEAUX

DECEDE

LE 10 JANVIER 1870




42 ans



Marie Céleste FAVRIOU

Veuve RIBOULEAU

décédée à l'âge de .. ans

le .. Avril 18..

..

..

..

..

JESUS




RENE RIBOULEAU

DECEDE A L'ÂGE

DE 66 ANS

LE 27 MARS 1866

..MEA VIDEBO

.. MEUM

--



ICI REPOSE

ANNETTE CORDIER

EPOUSE PAILLE

DECEDEE LE .. AOUT 1927

AGEE DE 56 ANS

PRIEZ POUR ELLE


René RIBOULEAU


Né le 25 avril 1799 - Niort (79)

Décédé le 26 mars 1866 à CIVAUX (86)

Domestique en 1826 jardinier en 1866 66 ans


Marié le 27 juin 1826, Niort (79), avec Marie Céleste FAVRIOU, née le 27 juillet 1799 - Niort (79), décédée, Fille de confiance

Antoine Philippe RIBOULEAU 1827-

Eugène RIBOULEAU 1828 -

Une figure marquante du XIXème, l'abbé Ribouleau

 

  Ordonné prêtre en 1850, Eugène Ribouleau est nommé curé de Civaux en 1859 après avoir été professeur au petit séminaire de Montmorillon et vicaire à Mirebeau. Très vite, après son arrivée à Civaux, il entreprend de grands travaux de réparations, d'aménagement et d'embellissement dans son église. Nous connaissons certains d'entre eux par des annotations, par lui faites, en marge des registres paroissiaux. Un de ses successeurs, Gabriel Rossard, curé de 1932 à 1939, les reproduit dans le bulletin paroissial qui se nomme « Le Clocher de Civaux », à partir de février 1933 (6).

  Une première mention cosignée avec le curé-doyen de Lussac est en quelque sorte le procès-verbal de l'installation d'un chemin de Croix, le premier dimanche de carême 1859. Il a été déposé à une date inconnue mais il est conservé à Civaux et a même été restauré. En avril 1860, l'abbé fait percer une fenêtre axiale dans l'abside de son église qu'il trouvait à juste titre trop sombre, les fenêtres anciennes ayant été bouchées au Moyen Age. La fenêtre nouvelle est plus haute et moins large que la précédente, peut-être pour lui donner un style plus roman et pour permettre aussi de remonter le maître-autel qui a été déposé et qui se trouverait plus haut que l'appui de la baie du haut Moyen Age.

   C'est en perçant la maçonnerie ancienne pour établir la partie haute de la fenêtre que les ouvriers découvrent la stèle d'Aeternalis et Servilla qu'il fait sceller à l'intérieur de l'abside pour la protéger. La fenêtre neuve reçoit un vitrail de la maison Lobin de Tours, représentant Jésus-docteur.

   La même année, il fait décorer la nef et le choeur par le peintre poitevin Foucaud. Il fait placer un harmonium sur la tribune, des stalles dans le choeur, trois de chaque côté. Il fait placer un petit vitrail carré aux armes de Pie IX au-dessus d'une porte. En cela, il suit les recommandations des synodes. En marge d'un acte du 4 juin 1861, il note qu'il a transformé les autels latéraux de saint Blaise et de la Vierge « du style grec en style roman ». Le 21 juillet, il achète « la statue Moyen Age de la Vierge ».

  En octobre, Foucaud finit les peintures dans toute l'église. Au début d'août suivant, le curé fait installer sur le mur sud une console achetée à l'atelier Saint-Hilaire, que dirige le révérend père Besny, sur laquelle il dispose une statue de sainte Radegonde. En avril 1863, le menuisier Verron de Cubord refait la grande porte de l'église et Savin Gavid, les pentures, d'après un dessin du Révérend Père Patern, oblat de Saint Hilaire. Au-dessus de la porte d'entrée, un vitrail représentant le martyr et la découverte des corps de saint Gervais et saint Protais ainsi qu'un miracle est composé selon les propres indications du curé Ribouleau. Il est signé Lobin, Tours, 1862.

  En septembre, un autre peintre poitevin, Hivonnait, peint à la cire la chaire et des images des saints Gervais et Protais au dessus du choeur. Les deux peintres et le curé ont inscrit leur nom sur les murs. Le 24 novembre, une nouvelle statue de saint Blaise remplace l'ancienne, hélas sans doute, sur l'autel du collatéral droit. Comme nous l'avons dit, il a fait remonter le maître-autel. Celui-ci sera démonté de nouveau pour permettre les fouilles dans l'abside en 1960 et ne sera pas remis en place pour ne pas obstruer la baie centrale ancienne restaurée avec les deux fenêtres latérales en 1964-1965.

  On est impressionné par ces travaux d'embellissement qui ne sont pas les plus coûteux de surcroît comme nous allons le dire. Comment a-t-il pu les financer ? En faisant appel à la générosité des fidèles ? On sait par lui que la statue de la sainte Vierge et sa console avaient été payées en partie par les femmes de la paroisse qui avaient organisé une vente d'oeufs. Il n'indique pas d'autres dons. Quant à la municipalité qu'il a sollicitée, elle répond en avril 1860 qu'elle lui exprime sa gratitude pour les travaux exécutés mais qu'elle ne peut participer aux réparations ni à la construction de la sacristie dont le devis total s'élève à 1.113 francs. Malgré ce refus, le curé Ribouleau fait démolir l'ancienne sacristie accolée au chevet, celle que l'on voit sur les plans de 1801, et il en installe une autre dans la dépendance perpendiculaire à l'abside. Une nouvelle porte vers le sud remplace l'ancienne qu'il fait murer et qui reçoit la stèle. On n'est pas très bien renseigné sur les autres réparations mais qui doivent être conséquentes. Yannick Comte, qui a recensé les travaux faits sur l'église de Civaux, pense qu'il aurait pu refaire le pavage et faire poser les voûtes en lattis (Y. Comte, GRAHAL, février 1997).

  Qu'aurait-il fait encore si sa mort prématurée n'avait mis un terme à ses projets ? En effet, les archives diocésaines contiennent deux lettres du doyen de Lussac au vicaire général en janvier 1870. L'une dit que le curé Ribouleau est très malade et que sa mort semble imminente, l'autre parle de son enterrement au cimetière de Civaux. Il vivait en famille, car il est inhumé avec ses parents qui résidaient avec lui à la cure. Un de ses oncles aussi puisqu'il est encore au presbytère au moment de son décès.

   Il semble que le curé Ribouleau ait eu quelques difficultés sérieuses avec la municipalité. D'ailleurs on trouve dans les archives diocésaines une lettre dans laquelle il explique que le conseil municipal a installé un banc dans l'église pour sept personnes, mais « qui tient la place de douze dans cette église si petite ». En plus, il ne veut pas payer la taxe traditionnelle ni au curé ni à la fabrique. Et comme ce banc est réservé aux membres du conseil municipal qui sont douze, les cinq autres ne veulent pas payer leur place ! Il précise que « quelques personnes sont contentes de lui faire de la peine ». Il dit à l'évêque qu'il ne cédera pas et qu'il devrait intervenir avec le préfet pour faire enlever le banc.

  On remarquera tout de même que tout le conseil va à la messe ! Le petit conflit dont l'origine est peut être dans le refus de la mairie de participer aux travaux, avait pris une certaine importance car le maire exige, sitôt le décès du curé, que l'oncle déguerpisse et que le mobilier soit enlevé de suite du presbytère. La cérémonie funèbre est suivie, nous dit le doyen, par une grande partie de la population et tous les ecclésiastiques du canton. Toutefois il précise que ses confrères et lui ont fait preuve de prudence pour ne pas narguer le maire. Le doyen qui est l'exécuteur testamentaire du curé demande conseil à l'évêché pour la mise en oeuvre du legs qu'Eugène Ribouleau a fait au profit  des soeurs de l'école chrétienne dont nous reparlerons. C'est lui qui les avait fait  venir à Civaux. On l'apprend notamment par une autorisation qu'il avait sollicitée pour pouvoir les confesser, une autorisation demandée aussi pour le curé de Salles-en-Toulon (7).

   Son court mandat de curé de Civaux est bien rempli car Eugène Ribouleau se passionne aussi dès son arrivée pour les vestiges archéologiques. N'ayant pu obtenir du maire l'autorisation de fouiller dans la nécropole, c'est dans son jardin, le long de l'église, qu'il entreprend des recherches. Il met au jour de nombreuses tombes mérovingiennes et médiévales, contenant parfois des poteries. L'une de ces sépultures recèle un sceau d'un prieur de Civaux. Il trouve nombre de monnaies. Il exhume des structures en particulier celles de bâtiments accolés à l'abside et qu'il juge très anciennes. Les objets, il les offre à la Société des Antiquaires de l'Ouest. Les dons sont parfois accompagnés de courriers qui nous renseignent sur ces découvertes. Un jour, il transmet des boucles d'oreille mérovingiennes que le fossoyeur a trouvées au cimetière. Découverte fort intéressante, quoique isolée. On peut les voir au musée Sainte Croix à Poitiers (8).

  En réalisant ces travaux dans l'église, d'ornementation notamment, il suit les recommandations de son évêque Monseigneur Pie. Celui-ci encourage également les manifestations religieuses, dont le culte des saints locaux, comme celui de sainte Radegonde, et aussi celui de la Vierge. A ce propos, Eugène Ribouleau organise, à l'occasion du mois de Marie, une cérémonie particulière que La Semaine religieuse appelle « La bénédiction des roses » et dont elle rend compte ainsi : « c'est devant l'autel de Marie que s'est accomplie à la fin de ce mois, la cérémonie des roses. La confrérie du Rosaire, établie à Civaux par le père Mathieu-Joseph, compte plus de 200 membres et les confrères n'ont pas voulu se séparer, après les exercices du mois de mai, sans emporter un souvenir de leur reine et de leur mère. Donc, après les vêpres, au son de l'orgue et au chant des cantiques, suivant en procession la bannière virginale, les enfants de Marie sont venus présenter à la bénédiction du prêtre les roses déposées dans d'élégantes corbeilles. Chaque confrère a reçu ensuite la fleur précieuse et la conserve comme un symbole de Notre Dame du Rosaire » (9).

  On note que 200 personnes font partie de cette confrérie. Ce qui est assez considérable pour une paroisse comme Civaux. A cette époque existe aussi à Civaux une confrérie du scapulaire, fondée en 1836 pour les femmes et mixtes de 1855 à 1869. Le scapulaire est un galon ou une bande d'étoffe qui passe sur les épaules -d'où son nom- et qui se termine par des images pieuses.

   Créer une école chrétienne, c'est aussi un encouragement de l'évêque.

    Son successeur, l'abbé Sabourdy veut faire ériger au cimetière un monument à sa mémoire. Il fait appel aux dons. En 1873, il remercie la Société des Antiquaires de l'Ouest pour la somme reçue (10). Nous ne savons pas si cette initiative a abouti et si la municipalité s'y est montrée favorable ! Si les tombes de la famille Ribouleau sont encore visibles auprès de la chapelle, quoiqu'en mauvais état, on ne voit pas de trace de ce monument aujourd'hui.

Source :








Retour Accueil



Direction les cimetières